Les eaux pluviales sont citées comme étant une solution et une alternative aux
eaux souterraines en élevage. Historiquement, les eaux pluviales ou de pluie
n’étaient pas ou peu valorisées car l’accès aux eaux souterraines (puits, forage, sources) est moins
couteux et de manière générale adapté à l’abreuvement des animaux en complément de l’eau du réseau
public (AEP). Quelles mesures nationales sont prises sur les eaux pluviales ? Les caractéristiques de
l’eau de pluie et pluviale ? Cette ressource est-elle adaptée à l’abreuvement ?
La gestion urbaine des eaux pluviales
Il est important de faire la différence entre les eaux dites « de pluie » et les eaux dites « pluviales ». Les
eaux pluviales sont définies comme la partie de l’écoulement qui est « gérée » par des dispositifs dédiés
(infiltration, stockage, transport, traitement éventuel) ; elles interagissent en permanence avec les eaux
souterraines et les autres réseaux. Les eaux « de pluie » correspondent aux eaux pluviales collectées à
l’aval des toitures non accessibles au public.
Pour les pouvoirs publiques, le plan d’action national pour une gestion durable des eaux pluviales pour
la période 2022-2024 a pour ambition, à travers 24 actions réparties selon 4 grands objectifs thématiques,
de mieux intégrer la gestion des eaux pluviales dans les politiques d’aménagement du territoire, de
réduire leur impact sur la qualité de l’eau et de faire de ces eaux, non plus une contrainte à gérer mais
une ressource à mobiliser. Les 4 axes sont :
1. Intégrer la gestion des eaux pluviales dans les politiques d’aménagement du territoire en
améliorant la transversalité entre acteurs de l’eau et de l’aménagement ;
2. Mieux faire connaître les eaux pluviales et les services qu’elles rendent en s’appuyant sur les
retours d’expérience (REX) ;
3. Faciliter et accompagner l’exercice de police de l’eau et de la compétence GEPU (Gestion des
Eaux Pluviales Urbaines) pour améliorer la gestion des réseaux par temps de pluie ;
4. Améliorer les connaissances scientifiques pour mieux gérer les eaux pluviales.
En quelques mots, auparavant on mettait les eaux pluviales le plus rapidement possible dans les réseaux (ruisseau, rivière, fleuve, etc…) et maintenant on cherche à limiter les ruissellements, les inondations et favoriser l’infiltration de l’eau de pluie au plus près de là où elle tombe (zonage pluvial).
L’intérêt est de limiter la diffusion de la pollution et la variation des quantités d’eau dans le milieu récepteur.
Une volonté du gouvernement en faisant figurer cette notion dans le programme scolaire
enseigné au cycle 3 (CM1, CM2, 6ème) en géographie dans le sous-thème « Habiter la ville de
demain ». La possibilité de valoriser les eaux pluviales dans les habitations individuelles
comme pour les toilettes, le lavage du matériel, l’arrosage, etc…
Les eaux de pluies
La pluie est issue de l’évaporation des
eaux de surface (des océans, des rivières
et des lacs) en formant des nuages et
condensent sous la forme de gouttelettes
en créant par la suite des précipitations
(cf. illustration ci-dessous).
Quelle pollution rencontre l'eau de pluie?
L’eau de pluie est légèrement acide avec
un pH de 5.65 en raison de la présence de
CO2 dans l’air, lequel se dissout dans les
gouttes d’eau. Les pluies acides désignent
toute forme de précipitations dont le pH est
inférieur à 5.6 à l’origine de l’activité
humaine. La formation des nuages acides
peuvent se déplacer jusqu’à 1500 Km de la
source.
Les eaux pluviales en élevage
La répétition des sécheresses et des pénuries liées au changement climatique emmènent les
pouvoirs publics (préfet) à prendre des décisions pour l’intérêt collectif sous forme d’arrêté
provisoire limitant l’usage de l’eau provenant des cours d’eau, plans d’eau, des sources, des
puits et des forages. En revanche, les eaux stockées dans des retenues étanches, d’eaux pluviales
et certains plans d’eau réquisitionnés par le service d’incendie et de secours pour la lutte contre
les incendies ne sont pas concernées par ces restrictions d’usage.
Dans certains départements des aides financières sont mises à disposition des éleveurs pour
s’équiper lors de pénuries d’eau et proposer des alternatives aux eaux souterraines. L’idée est
de récupérer de l’eau à une période de forte pluviométrie (hiver) pour la consommer en période
de pénurie (été).
Malheureusement, ce n’est pas si simple puisque les eaux pluviales présentent des
caractéristiques physico-chimiques et bactériologique variable en fonction de :
· La nature des matériaux de la toiture
· La pente de la toiture
· L’activité à proximité de la toiture (la nature et la quantité des poussières)
· La période et le lieu de récupération
· Le temps de stockage (Séjour)
· Les conditions de stockage
· Les quantités stockées
Il est préférable de valoriser les eaux pluviales pour un usage adapté comme les lavages des
sols et matériels dans les exploitations lorsque l’eau souterraine reste accessible et en quantité
suffisante en période estivale. D’où l’intérêt de favoriser l’infiltration hivernales des eaux
pluviales rejetées dans le milieu naturel. Si toutefois, la rareté de l’eau souterraine ou une
restriction venait à interdire son usage pour l’abreuvement, la qualité initiale des eaux pluviales
devra être maintenue jusqu’à leur distribution. L’autonomie serait très courte au vu des besoins
journaliers dans nos élevages ou les équipements de stockage seraient très conséquents. Ce
dimensionnement devrait faire l’objet d’une étude spécifique et individuelle puisque les
précipitations et leur répartition sont différentes d’un secteur à l’autre et les besoins sont
spécifiques à chaque élevage.
Tout d’abord, la première mesure est de stocker une eau la plus propre possible et dépourvue
de matière organique pour tout usage. De plus, en présence élevée de matière organique (COT
> 2 mg/litre), il est déconseillé de traiter l’eau à l’aide de désinfectant.
Les recommandations pour valoriser les eaux pluviales sont de :
· séparer les premières eaux chargées en matière organique et en bactéries et de récupérer
les secondes eaux.
· renouveler l’eau pour limiter son croupissement
· enterrer les cuves pour maintenir une température < 18°C
· envisager le stockage sur plusieurs cuves pour permettre leur entretien (nettoyage et
désinfection)
· dimensionner votre installation en fonction de vos besoins
· analyser l’eau pour surveiller sa qualité
Exemple d’un schéma de récupération d’eau pluviale:
Pour tout renseignement complémentaire, les conseillers du GDS sont présent pour vous
accompagner dans vos projets.
Tony LEBAS
Conseiller spécialisé