Un 1er constat tout d’abord : lors d’un sondage réalisé sur chevreuils en 2011-2012 en Mayenne, 98% des 33 chevreuils prélevés possédaient des anticorps ehrlichiose
Signe que cette bactérie est largement relayée dans l’environnement par les tiques prenant leurs repas sur grands mammifères –dont les bovins-, mais aussi par les moyens et plus petits mammifères, jusqu’aux campagnols et mulots
Un second constat : la méconnaissance des risques liés à la reprise de pâturages voisins lors d’agrandissement d’exploitation, lorsque des bovins naïfs –dépourvus d’anticorps ehrlichiose- viennent les pâturer
Les tiques partagent un cycle de développement en 3 stades = larve, nymphe, et adulte. Chaque changement de stade (ou lors de leur reproduction) s’accompagne d’un repas de sang sur un hôte mammifère – d’élevage ou sauvage – ; lors de ce repas, la tique peut acquérir puis transmettre un agent pathogène telle que la bactérie responsable de l’ehrlichiose bovine
Lorsque la météo est favorable (douceur et humidité), la tique grimpe sur un brin d’herbe ou un branchage, attend qu’un animal passe à proximité, et s’y accroche.
Il est actuellement observé une augmentation de la population de tiques, très vraisemblablement liée aux modifications climatiques
L’ehrlichiose bovine = quels symptômes ?
L’ehrlichiose bovine est une maladie bactérienne, causée par la bactérie Anaplasma phagocytophilum. Elle est habituellement asymptomatique. Mais lorsque des bovins non protégés (absence d’anticorps) pâturent les zones à risque que sont des pâtures bordées de haies et/ou de bois, les symptômes peuvent être parfois très aigus. Les bovins les plus à risque sont les génisses gestantes ou les vaches gestantes (risque d’avortement), et les vaches laitières : on observe alors une forte baisse de production laitière, une fièvre généralement supérieure à 40°C sur plusieurs individus en même temps, et parfois un oedème des pâturons. Les animaux perdent l’appétit, leur état général se dégrade en l’absence de traitement.
Le traitement doit être précoce, il est à base de tétracyclines.
Le diagnostic doit être posé rapidement, sur prise de sang réalisée dans les 3 premiers jours d’hyperthermie, par analyse PCR. Au-delà d’une semaine, ce sont seulement les anticorps qui pourront être mis en évidence.
L’ehrlichiose est une zoonose. L’homme peut être contaminé par un autre type d’ehrlichia (E. chaffeensis), aussi véhiculée par les tiques, et qui peut entrainer un syndrome grippal appelé « anaplasmose humaine »
Quelle prévention ?
Une immunité peut être installée et entretenue sur des catégories de bovins moins sensibles, à savoir les génisses non gestantes ; ce sont elles qui viendront occuper de préférence les pâtures à risque : elles produiront ainsi des anticorps, mais le contact restera asymptomatique, sans conséquences sur la santé
Et pour limiter les contacts bovins-vecteurs, il faut s’attacher à mettre en place des mesures agroenvironnementales = débroussaillage raisonné, et recul des clôtures électriques avec nettoyage des zones entre la clôture et la haie ou le bois
Marie-Hélène Guilbert Vétérinaire GDS Mayenne