La santé du veau nouveau-né est un équilibre fragile entre ses défenses immunitaires et les agents pathogènes qui l’entourent.
Les maladies néonatales ont un impact économique considérable, par la mortalité qu’elles entrainent, par le temps passé aux soins et les frais engendrés. Une partie peut être évitée avec des mesures systématiques : préparation de la vache au vêlage, hygiène autour de la mise-bas, prise contrôlée du colostrum par le veau. Dans un contexte actuel, il y a là un facteur déterminant d’amélioration de la productivité de votre élevage.
Conscient de ces enjeux, le GDS Mayenne accompagne les éleveurs à travers le programme Calf Expert comprenant audits, analyses et suivi technique. Pour plus de renseignements, n’hésitez pas à contacter le GDS Mayenne ou votre vétérinaire.
Gestion du tarissement :
Le tarissement constitue une phase critique dans le cycle de production de la vache laitière. L’alimentation des vaches pendant la période sèche permet d’optimiser la santé future de la mère et de son veau.
L’alimentation de fin de gestation sur les 3 dernières semaines est très importante, notamment pour la qualité du colostrum. La capacité d’ingestion de la vache réduit, il faut densifier la ration en énergie et azote. De plus, la balance anions-cations (BACA) en préparation au vêlage doit être baissée afin de limiter les risques de fièvre de lait ou hypocalcémie subclinique.
Cette phase est essentielle pour la santé du veau, sa conformation ainsi que ses défenses immunitaires. Le colostrum produit par la vache n’en sera que meilleur et les maladies post-partum limitées (non-délivrance, métrites, caillettes etc.…)
La distribution d’eau ne doit pas être négligée, tant sur la quantité que sur la propreté.
La vaccination des futures mères assure également la protection du veau contre certains pathogènes.
Vêlage :
Après avoir fait le point sur les éléments indispensables lors de la préparation au vêlage voici les différentes phases importantes du vêlage.
Lorsqu’arrive le moment du vêlage, la vache recherche un endroit calme et présente des symptômes particuliers : couchers et relevés répétés, contractions de l’abdomen, soulèvements de la queue. L’expulsion de la poche des eaux signe une expulsion du veau dans les 2 à 6 heures. Tout facteur de stress va perturber la mise-bas : préparation insuffisante, non-dilation de col, utérus atone. Cela va influencer le post-vêlage avec une dégradation de la production lactée, de l’involution utérine et de la reprise de la fonction cyclique ovarienne. Une attention particulière est à apporter avec une surveillance renforcée sans déranger l’animal. Un local ou box de vêlage permet d’isoler la vache. Il sera suffisamment grand (surface minimale de 15 m² et pas de côté inférieur à 3 m), paillé, éclairé, bien ventilé, strictement réservé aux vêlages et soigneusement nettoyé.
Si la vache présente des coliques depuis plus de deux heures sans évolution, si la phase de dilatation dure plus de six heures ou la phase d’expulsion plus de trois heures, une exploration sera effectuée. L’objectif de la fouille est de déterminer s’il vaut mieux attendre, essayer d’intervenir ou appeler le vétérinaire. La fouille permet donc de voir s’il y a un veau ou deux, et comment il se positionne. Il faut cependant avoir à l’esprit qu’intervenir lors d’un vêlage n’est pas anodin. Il est essentiel de se protéger avec des gants, pour soi comme pour la santé de l’animal afin de limiter les risques de non-délivrance.
Colostrum :
Il est essentiel de distribuer précocement le colostrum au veau nouveau-né pour lui apporter les anticorps (immunoglobulines, IgG) permettant de le protéger vis-à-vis des maladies du jeune âge.
La recommandation est de faire boire le veau 2 fois au cours des 12 premières heures de vie (min 3L à la naissance puis min 2 L à 12 h de vie).
Mais au-delà des IgG, le colostrum contient aussi de l’énergie, des nutriments, des enzymes, des hormones (insuline, lactoferrine, hormone de croissance…) indispensables à sa croissance et à sa production future.
Le colostrum est distribué le plus vite possible après la naissance car son contenu en immunoglobuline diminue très vite et aussi parce que les immunoglobulines ne peuvent traverser l’intestin du veau que dans les 1eres heures de vie. Néanmoins, la poursuite de la distribution du colostrum sur quelques jours est indispensable.
Diarrhées néonatales :
Si les symptômes peuvent orienter le diagnostic sur l’agent responsable, ils ne permettent pas à eux seuls de le connaître avec certitude. Pour cela, il faut avoir recours à des examens de laboratoire. Connaître le ou les agents responsables permet d’adapter efficacement le traitement et la prévention pour les vêlages à venir.
Les prélèvements doivent se faire avant tout traitement, dès les premiers jours d’apparition des signes cliniques et sur plusieurs animaux.
Concernant les diarrhées bactériennes, un antibiogramme est fortement recommandé afin de déterminer le traitement antibiotique le plus adapté.
Pourquoi le nombre de veaux malades augmente au cours de la saison de vêlages ?
Au cours de la saison de vêlages, deux phénomènes favorisent l’augmentation du nombre et de la gravité des diarrhées. La qualité du colostrum s’amoindrit en relation, notamment, avec la qualité de l’alimentation hivernale. La contamination du milieu augmente. Les veaux, relais multiplicateurs, vont multiplier par quelques milliers à quelques milliards le nombre d’agents pathogènes présents. Ainsi, dans un élevage confronté à un épisode de diarrhées, la saison débute avec pas ou peu de diarrhées qui touchent un nombre réduit de veaux et guérissent facilement. Au fur et à mesure de l’avancement de la saison, le nombre et la gravité des diarrhées augmentent. C’est la dynamique de contamination.
En conclusion, la santé du jeune veau est un enjeu économique de taille pour les élevages, avec des effets durables sur la productivité. Pour les éleveurs souhaitant améliorer leurs performances, le GDS Mayenne propose un accompagnement technique à travers le programme Calf Expert. Ce plan d’amélioration aide à mettre en place des pratiques adaptées pour optimiser la santé des veaux, en tenant compte des spécificités de chaque exploitation.
Anne ROCUET
Technicienne sanitaire