La pandémie du Covid 19 nous rappelle la vulnérabilité de nos sociétés face à l’émergence d’un nouveau virus et sa diffusion rapide et exponentielle au sein d’une population humaine mondialisée.
En l’absence de traitement et de vaccin, nos seules armes de défense apparaissent bien dérisoires face une telle menace. Néanmoins, le « mérite » de cette pandémie est de mettre en exergue des règles fondamentales d’hygiène parfois négligées telles que le lavage des mains, la désinfection, les gestes barrières… Le confinement apparaît aujourd’hui comme la mesure ultime imposée par la contagiosité du virus pour sauver des vies humaines.
Ces recommandations rabâchées par les pouvoirs publiques dans des spots radios et télévisés ne sont ni plus ni moins que des mesures de biosécurité. Elles sont désormais comprises par la population et, généralement, correctement appliquées. La biosécurité n’est donc pas un gros mot. C’est un moyen efficace de faire barrière aux maladies.
Mais, faut-il attendre d’être confrontés à de tels périls sanitaires pour se conformer aux règles de biosécurité ?
L’élevage n’est pas à l’abri des crises sanitaires. Il en a déjà connu par le passé et, considérons, sans trop nous tromper, qu’il en connaîtra d’autres. Nous nous souvenons tous de la Fièvre Aphteuse, de la grippe aviaire, ou plus récemment de la tuberculose bovine qui nécessitèrent des mesures de protection, de confinement, d’abattage, de désinfection des foyers.
Sans expansion épidémique, d’autres agents infectieux rôdent et constituent des risques sanitaires. L’élevage a aussi ses fragilités. Dans les ateliers bovins, les mouvements d’animaux, les nombreux intervenants peuvent véhiculer des agents pathogènes. Si, les contrôles d’achat permettent d’éviter l’introduction d’un certain nombre de maladies, l’accès des intervenants dans les élevages est encore trop permissif.
Profitons de cette nouvelle prise de conscience sur les gestes barrières pour adopter des comportements vertueux à l’entrée de la zone d’élevage. L’éleveur doit s’appliquer et, surtout, faire appliquer aux autres les règles élémentaires de biosécurité.
Les risques de contamination d’élevage à élevage proviennent entre autres des intervenants et des véhicules provenant de l’extérieur. Ils peuvent déposer des contaminants sur des surfaces que les bottes ou les roues du tracteur peuvent récupérer et disperser dans les bâtiments. La zone d’élevage doit être sous accès contrôlé avec un panneau matérialisant une entrée unique réservée aux intervenants et leur véhicule. Les intervenants sont dirigés vers un parking aménagé et un point d’accueil. Personne ne doit pouvoir pénétrer dans les locaux sans une autorisation préalable de l’éleveur. A ce point d’accueil, les intervenants doivent impérativement laver et décontaminer leurs bottes avec une solution désinfectante. Le lavage des mains avec du savon est également nécessaire.
Ces mesures sont déjà mises en place en élevage hors-sol. Elles sont souvent négligées dans les élevages ouverts que sont les ateliers bovins. Pourtant, elles constituent la base de la biosécurité et sont essentielles pour protéger les troupeaux. A présent que nous sommes collectivement sensibilisés aux gestes barrières, saisissons cette opportunité pour les imposer dans les élevages.
Pascal LE BEGUEC Conseiller en élevage GDS Mayenne