Comment améliorer la qualité bactériologique de son eau d’origine privée ?
L’approche de la maîtrise de la qualité bactériologique de l’eau d’origine privée se réfléchit. Il est nécessaire de se poser les bonnes questions pour aborder ce sujet. La suite de cet article donnera des aides à la décision pour choisir le procédé de traitement adapté à son eau lorsque c’est nécessaire, soit en désinfections ponctuelles ou permanentes.
Les désinfections ponctuelles
Dès lors que la qualité bactériologique et physico-chimique de l’eau brute est correcte, le traitement ponctuel suffit pour garder ce niveau de qualité. La fréquence du traitement dépendra de la fragilité de l’ouvrage aux infiltrations et de son environnement. En règle générale, la localisation, la protection, la nature de l’ouvrage sont les éléments qui influencent pour maintenir une eau brute de bonne qualité. Lorsque les conditions sont favorables, un traitement ponctuel par an suffit pour décrocher le biofilm à l’origine des contaminations résiduelles. Dans le cas où, une dégradation bactérienne serait causée après les épisodes pluvieux abondants, il est indispensable de renouveler l’intervention. Afin de vérifier la qualité de son eau, il est nécessaire de l’analyser.
Les critères les plus communément recherchés sont :
- Les germes totaux revivifiables à 22°C
- Les germes totaux revivifiables à 36°C
- Les Coliformes totaux
- Les Entérocoques intestinaux
- Les Escherichia coli
- Les spores de bactéries Anaérobies Sulfito-Réductrices
Les désinfectants pour l’eau de boisson sont aujourd’hui répertoriés dans la réglementation dans la famille de produit TP 5 disponible sur le site internet gouvernemental https://www.simmbad.fr. Les plus communément utilisés pour traiter l’eau ponctuellement sont le chlore et ses dérivés ainsi que le peroxyde d’hydrogène combiné à l’acide péracétique. Néanmoins, l’absence de désinfectant dans l’eau l’expose plus facilement à une future contamination au contact d’un biofilm dans les canalisations car ces produits sont rémanents à condition de respecter les concentrations. La rémanence est plus liée aux molécules elle-même et leurs interactions avec le milieu dans lequel elles se retrouvent.
Les désinfections permanentes
Les traitements permanents se réalisent à l’aide d’une pompe doseuse pour l’incorporation d’un désinfectant dans l’eau à traiter ou d’une lampe UV pour émettre un rayonnement lumineux qui tue les bactéries. Les pompes doseuses sont indispensables à l’incorporation du désinfectant dans l’eau. Les quantités injectées sont très petites et demandent une grande précision. Pour ce faire, elles sont commandées soit par un compteur à impulsion ou par le pressostat.
1er cas de figure : Le compteur à impulsion (dosage proportionnel)
Le dosage est proportionnel au volume pompé par comptage. Par exemple, en fonction de l’installation on peut avoir une dose tous les litres (k = 1) ou une dose tous les ½ litres (k = 0.5), etc.
2ème cas de figure : Le pressostat (dosage tout ou rien)
Le pressostat quant à lui commande le remplissage de la cuve de mise en pression (MEP) pour maintenir une pression permanente dans le réseau (2 à 6 bars). La pompe doseuse est asservie à la pompe à eau. La difficulté est d’avoir un débit constant dans la cuve de mise en pression. Toute variation de débit de la pompe à eau nécessitera d’ajuster le débit de la pompe doseuse pour garder une concentration de désinfectant régulière dans l’eau.
Les désinfectants pour l’eau de boisson des animaux
On dispose dans le commerce d’une variété de désinfectant pour l’eau de boisson. On répertorie le chlore libre sous différentes formes : l’hypochlorite de sodium, le Dichloroisocyanurate de sodium (DCCNa) et le dioxyde de chlore. On a également la famille des peroxydes : le peroxyde d’hydrogène 50% seul et le peroxyde d’hydrogène + acide péracétique. Le choix du traitement dépend de la nature chimique de l’eau, du coût du produit et de l’installation appropriée. D’où l’intérêt de rechercher les critères physico-chimique dans les analyses d’eau pour adapter son traitement.
Les chlores libres
Ils se mesurent à l’aide d’un test colorimétrique de type DPD.
Les conditions d’utilisation pour l’hypochlorite de sodium et du DCCNa sont :
- La concentration comprise entre 0.5 à 1.0 mg/l au test DPD (chlore libre)
- Un temps de contact d’au moins 30 minutes avec l’eau brute
- Le pH < 7.3
- Le fer < 1.0 mg/l
- Le manganèse <0.20 mg/ litre
La dureté est à prendre en considération lorsque votre installation demande une préparation de chlore en solution avec de l’antitartre. La quantité d’antitartre est proportionnelle à la dureté. Les hypochlorites de sodium sont des oxydants puissants qui rentrent en réaction avec les minéraux de l’eau (Fer et Manganèse). Les hypochlorites de sodium (chlore) ont une date limite d’utilisation optimum (DLUO) très courte d’environ 1 an. Lorsque le bidon est ouvert et stocké à une température de moins de 18°C sa durée d’utilisation ne doit pas dépasser 6 mois. Donc il est indispensable d’adapter son conditionnement en fonction de sa consommation. De plus, la préparation pré-diluée du chlore ne doit pas dépasser 1 mois. Ces recommandations sont indispensables pour garder la qualité désinfectante du chlore et éviter la formation de chlorate.
A titre indicatif, il est préconisé de choisir un conditionnement de 10 litre pour une consommation journalière < 10 m3 et un conditionnement de 20 litre pour une consommation > 10 m3 et il est forte déconseillé de faire du stock pour le chlore pour éviter le dépassement de DLUO.
Le coût de l’installation est compris entre 800 € à 1500 €
Le coût du traitement est d’environ 0.07€/m3 pour une eau équilibrée.
En comprimés, le DCCNa a une DLUO plus longue (36 mois). Néanmoins, son coût est d’environ 0.12€ /m3 d’eau.
L’électrolyse permet de produire à la ferme son hypochlorite de sodium. Ce procédé demande un investissement lourd et un suivi pertinent et régulier pour éviter d’avoir des concentrations en chlore libre excessives dans l’eau. L’usure des électrodes est fréquente et les pièces ne sont pas toujours facile d’accès.
Le dioxyde de chlore est un gaz soluble qui doit être préparé en solution sur les lieux de son utilisation. Il s’obtient par oxydation d’une solution de chlorite de sodium, à l’aide d’acide chlorhydrique. Une installation spécifique pour sa production est nécessaire. Il peut également être utilisé sous forme de comprimé en solution avec une installation classique par pompe doseuse. Cependant, les solutions de CLO2 sont sensibles à la dégradation par les ultra-violets de la lumière du jour. Le dosage du dioxyde de chlore se contrôle avec un test colorimétrique (CLO2). On peut également le mesurer avec un test DPD pour les chlores libres. On intégrera un coefficient de 1.9 à la valeur lue (Teneur en CLO2 = 1.9 * Cl libre). Le port d’équipement de protection individuelle (EPI) est obligatoire pour manipuler ces désinfectants pendant les préparations.
Les conditions de désinfection optimums pour le Dioxyde de chlore sont :
- La concentration (0.3 mg/litre à 0.5 mg/litre)
- Un temps de contact d’au moins 30 minutes
- Le pH n’est pas limitant pour les eaux mayennaises (ph < 8)
- Le Fer < 1 mg/l
- Le Manganèse < 0.20 mg/l
Contrairement aux hypochlorites, le dioxyde de chlore empêche la fixation des éléments oxydés dans les canalisations et sa rémanence est importante (72 h).
Pour la production de dioxyde de chlore, le coût de l’installation spécifique à la production de dioxyde de chlore est compris entre 5000 à 7000 €
Le coût du consommable est d’environ 0.10 €/m3 d’eau pour du dioxyde de chlore produit par mélange.
Pour les solutions obtenue par dissolution de pastilles de dioxyde de chlore, le coût est de 0.20€/m3 à 0.55€/m3 d’eau traitée. L’installation utilisée pour injecter le dioxyde de chlore est la même que celle utilisée pour les hypochlorites de sodium (chlore) mise à part la cuve de préparation qui sera opaque pour protéger contre les ultraviolets donc le coût de l’installation est compris entre 800 à 1500 €.
Le peroxyde d’hydrogène 50%
Le peroxyde d’hydrogène 50% sera préconisé pour les eaux présentant un excès de fer et de manganèse provoquant un encrassement des canalisations. En se colmatant, les canalisations finissent par perdre en débit. Cet encrassement favorise le développement d’un biofilm dans les canalisations qui profite de cette rugosité pour se fixer et se développer. Dans le cas où le taux de fer est < 2.5 mg/litre, le peroxyde est une alternative à court terme à la déférrisation mais ne la remplace pas. Ça permet d’entretenir les canalisations. Il s’emploie à une concentration de 30 à 50 mg/litre. L’installation nécessaire est la même que pour l’hypochlorite de sodium (chlore). Cependant, une pompe doseuse avec un système de dégazage intégré sera préconisé pour pomper directement dans le bidon afin d’éviter le désamorçage.
Le coût de l’installation est compris entre 800 à 1500€
Le coût du consommable est de 0.20 €/m3 d’eau pour un traitement à une concentration de 30mg/litre. Cette concentration est recommandée pour un traitement permanent. A une concentration de 50 mg/litre, le coût du traitement est de 0.32 €/m3 d’eau. Cette concentration permet de nettoyer, entretenir les canalisations des matières oxydées (Fer, Mn, …) pendant 3 à 5 mois en fonction des consommations. Les teneurs en peroxyde d’hydrogène se contrôlent à l’aide de test colorimétrique par bandelette de type « Quantofix ». Le port d’EPI est obligatoire lors de sa préparation.
Le peroxyde d’hydrogène + acide péracétique
Le peroxyde d’hydrogène + acide péracétique est utilisé en désinfection des eaux de boisson. Ce désinfectant a un haut pouvoir désinfectant contrairement au peroxyde d’hydrogène 50 %. Cette désinfection a un intérêt lors d’apparition d’un biofilm dans les canalisations. La concentration recherchée est de 5 à 7 gr maximum d’acide péracétique par m3 d’eau. Contrairement à son pouvoir acidification à 100 ml/m3. De façon analogue, le port d’EPI est obligatoire lors de sa préparation et la teneur en Acide péracétique doit être contrôlée à l’aide de bandelette.
Le coût de l’installation est compris entre 800€ à 1500€
Le coût de la désinfection pour 100 ml par m3 d’eau est de 0.27€ / m3 d’eau.
Le traitement bactériologique par Ultra-Violet (UV)
Le traitement des eaux par UV, ou traitement bactériologique par rayonnement UV (ultra-violet), est un procédé utilisé pour la destruction des bactéries présentes dans l’eau. La désinfection par rayonnement ultra-violet consiste à soumettre l’eau à un rayonnement ultra-violet (passage de l’eau le long de lampes UV).
Les conditions requises pour mettre en place ce procédé sont :
- La turbidité de l’eau < 2NFU
- La dureté < 35°F
- L’absence de Fer et de Manganèse
- Une préfiltration sur 2 étages en amont, Exemple : 50 et 10 microns
- Un renouvellement de la lampe après un nombre d’heure d’utilisation (environ 8000 heures)
Le procédé par UV demande un nettoyage régulier (1 fois/an) des tubes de protection des lampes. Ce traitement bactériologique n’a pas de rémanence. Autrement dit, une contamination est possible en aval du traitement bactériologique.
Le coût de l’installation est compris entre 1500 à 3000€ en fonction du débit.
Synthèse :
Le choix pour adapter son traitement dépend avant tout des caractéristiques de son eau brute. Les techniciens du GDS de la Mayenne vous accompagnent sur les réglages de votre installation et vous conseillent sur les actions correctives éventuelles pour améliorer la qualité de votre eau.